… m’emmerde.
Elle m’emmerde quand mes amis ne sont plus mes amis ; quand je suis fatigué ou quand je dois sortir les poubelles.
La vie m’emmerde parfois ; parce que peu importe le temps que je passerais à faire quelque chose, il n’y aura jamais de fin. Elle m’emmerde parce que tout est compliqué et que l’on peut passer des mois à développer des concepts ; mais tout cela…ça ne veut plus rien dire.
La vie m’emmerde parce que des fois les choses m’amusent et des fois elles m’énervent. Mais quand j’y pense ; pourquoi même ça est compliqué ?
Trop de variations sur tout, tout le temps m’emmerdent.
La vie m’emmerde quand je cuis des oeufs et que je dois passer 15 minutes à les éplucher, ça en fait des coquilles d’oeuf :
La vie m’emmerde quand je passe du temps à faire le ménage et qu’à la fin je retrouve une nouvelle poussière là où j’avais nettoyé au tout début, je me dis “comment cela est-il possible ?”
Je m’emmerde quand j’essaie de comprendre comment les choses fonctionnent mais que l’infiniment grand et l’infiniment petit me rappellent que de toute facçon il y a encore quelque chose à apprendre que l’on ne voit pas. Pourquoi y-a-t-il tous ces niveaux tout le temps partout ?!
Elle m’emmerde parce que j’aurais aimé construire des engins mais j’en suis incapable :
- Une machine à remonter le temps.
- Des lunettes pour voir les filles nues sur la plage.
- Un avion invisible.
- Une casquette en polycarbonate.
J’ai l’impression que la vie me nargue parfois en me mettant sous le nez tout ce auquel je n’aurais jamais accès de mon vivant. Et chaque matin ; c’est la même : des emmerdes.
Et même si je propose un modèle simple qui plairait à tout le monde ; et bien je suis persuadé que ce modèle ne plairait pas à tout le monde : ça m’emmerde !
Ne pourrais-t-on pas avoir un livre nommé “la vie” qui ne ferais que 5 ou 6 pages, avec des explications détaillées ; des flèches ou des indications pour que l’on puisse vivre sans l’idée que chaque fois que l’on fait des choix… et bien il y en a des milliards d’autres que l’on ne fait pas ?
Par exemple :
Si une personne vous tends la main droite alors que vous êtes au Costa Rica, répondez “xxxx”.
Prendez 2 euros et 50 centimes si vous n’avez plus de fromage ; le bus pour le supermarché passe dans 15 minutes.
Pourquoi même cela ne se trouve-t-il pas dans les livres ?
Ce qui m’emmerde encore plus, et bien c’est qu’en 2014, il est impossible de répondre par oui ou non ; au contraire, pour tout j’entends comme réponse :
Alors ça dépends
Pourquoi tout dépends de tout tout le temps merde !
Je m’emmerde quand tout le monde essaie de “passer des bonnes journées” tout le temps en permanence ; quand viendra le jour où je re-porterais des cravates ; à la question “comment tu vas aujourd’hui ?”, je répondrais :
La vie m’emmerde.
Et puis si je n’ai pas de “projets” ou de “plans” ou de “trucs” j’ai l’impression que tout le monde s’amuse ou fait des projets ; ou des trucs ; et que moi je ne fais rien du tout. Et que le temps s’égrène ; cela ne m’empêchera pas d’avoir des trains de retard qu’il en soit.
Ah oui… encore quelque chose d’autre qui m’emmerde : le temps qui file et l’impossibilité de faire deux choses à la fois. Si je construit un pipeau en bois ; je ne peux pas synthétiser du savon ; et qui a décidé qu’il était impossible de faire ces deux choses à la fois ?
Pourquoi ; sans avoir rien demandé (on aurait pu imaginer que je ne puisse pas faire ces deux choses à la fois parce que j’ai commit une infraction ; mais il n’en est rien) je ne peux pas faire ces deux choses à la fois ?
La vie m’emmerde parce que j’entends souvent :
Il y a mieux ailleurs ; il y a pire ailleurs
Mais personne ne sait vraiment où ça se trouve. Et puis comment est-il possible même qu’une personne le sache réellement ? Le monde a quand même une circonférence de 40 000 km non ? Ca m’emmerde parce que même ça j’én étais pas sûr ; et quand j’ai commencé à chercher sur internet la circonférence de la terre j’ai appris que les “scientifiques” (que je ne connais pas) l’appellent “ellipsoïde oblat”. Et j’ai deux questions :
- Qui sont-ils ?
- Pourquoi ont-ils choisi le mot sans me demander mon avis ? Je n’aime pas le terme oblat.
Ca me déprime ; parce que même si je dédiais ma vie à valider une taxonomie ; je n’aurais plus le temps de devenir musicien et produire des guitares ; ou politicien ; ou même informaticien…merde !
Alors je me dis qu’il faut que je fasse des choix ; et sans le savoir je suis peut-être carrément à côté de la plaque (plaque qui n’existe pas, ça aurait été trop facile) mais je n’en sais rien.
La vie m’emmerde parce que je ne suis pas plus avancé qu’au début de ma vie ; et quand j’aurais atteint le vieil âge pour être un vrai sage, je commencerais à perdre la boule.
Alors si il n’est pas possible de savoir ; savoir ce que l’on fait ; que reste-t-il ?
Les hippies et ceux qui méditent aiment bien l’expérience directe ; mais même l’expérience directe m’emmerde parce qu’elle est sujette à trop de variables. Et puis ils m’énervent ces gens qui disent des choses mystiques ; comme si une porte pour des univers parallèles allait apparaître en faisant de la méditation…
Ce qui m’emmerde encore plus ? Le fait qu’il y a ait une chance sur deux ; qu’effectivement ; celà puisse se produire. C’est compliqué…
Et puis la vie c’est vague mon bon monsieur ! La vie c’est ma vie ; alors je devrais faire un rechercher/remplacer mais j’ai la flemme.
Ma vie m’emmerde parfois ; parce que je dois porter des chaussettes que j’ai porté la veille ; mais personne ne le sait. Et puis tout le monde aime bien parler de la vie avec des grands mots ; mais je comprends ; il y a tellement de subilités qu’il est impossible de ne pas utiliser des grands mots. Mais ça m’emmerde parce qu’il y a certaines sous-catégories que je ne connaîs pas ; comme la vie des cucurbitacées en Afrique.
Ca m’emmerde parce que personne ne lira ça et que j’aurais voulu gratter l’amitié des lecteurs pour que le transfert psychanalytique se mette en place et que je fasse des trucs… et si l’on me pose la question de savoir comment je vais, je répondrais :
Oui ça va, tranquille; et toi ?
Les passions font moins de mal que l’ennui, car les passions tendent toujours à diminuer, tandis que l’ennui tend toujours à s’accroître.
~ Jules Barbey d’Aurevilly